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Entretien avec Caroline Watillon03/10/2023

Salut Caroline ! Félicitations pour ce nouveau rôle. Pour les jeunes et partenaires qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Après des études à l’ULB (anthropologie et gestion culturelle), j’ai travaillé une dizaine d’année en tant que salariée : d’abord dans le social (logement sociaux) en première ligne et puis dans la santé, en deuxième ligne. J’ai commencé en 2012 comme travailleuse sociale et terminé coordinatrice à la Fédération des Maisons Médicales en 2022, j’avais l’impression d’avoir fait le tour…

C’est pourquoi, il y a un peu plus d’un an, j’ai décidé de proposer mes services au secteur non-marchand, en particulier pour la rédaction (présentations de projets, demandes de subsides, rapports d’activités, avis politiques, etc.). Je donne aussi des formations pour le STICS en gestion de projet, prise de parole en public, demandes de financement, etc.

A côté de ça, je fais du bénévolat pour l’associatif, comme des conférences ou encore ce mandat auprès d’AJILE. 

Comment en es-tu arrivée à travailler sur les questions de laïcité ?

Ma famille maternelle était catholique pratiquante. Enfant, j’allais à l’Eglise chaque semaine, j’ai fait mes deux communions, ma confirmation et j’ai même été enfant de cœur ! On ne peut pas dire que, philosophiquement parlant, j’avais la laïcité dans le sang…

Vers 14 ans, j’ai changé de région et j’ai commencé à m’intéresser à la politique, via le Parti Communiste de La Louvière. C’était une période stimulante, qui m’a amenée à m’intéresser à des sujets comme la précarité, les injustices sociales et économiques, le racisme, mais aussi la politique internationale. Ces luttes me parlaient d’autant plus que j’étais moi-même d’un milieu assez précaire. Aujourd’hui, je ne suis plus communiste, mais je reste marxiste dans mon analyse des phénomènes sociaux.

A 18 ans, j’ai commencé des études à l’ULB en anthropologie. J’avais déjà un certain esprit critique et j’ai tout à fait adhéré au principe du libre examen. Mais c’est seulement plus tard, que j’ai compris en quoi celui-ci était fondateur de la laïcité en Belgique.

Je suis vraiment entrée dans le monde de la laïcité en 2016, quand j’ai rejoint la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial. À mon arrivée, j’ai été chargée d’organiser un processus sur la laïcité avec nos membres, c’était une très belle entrée en matière. Par la suite, j’ai eu l’occasion de me spécialiser sur les sujets de la contraception, l’avortement et des violences faites aux femmes. Le dossier IVG était très politisé, c’était passionnant et j’ai eu l’occasion de faire beaucoup de plaidoyers, de rencontrer les Politiques, etc. Grâce à ce dossier, j’ai aussi rencontré plusieurs partenaires laïques : le CAL, Bruxelles Laïque, des Maisons de la Laïcité, etc.

Qu’est-ce qui t’a poussée à te porter candidate à la présidence d’AJILE ?

Quand on m’a proposé de rejoindre l’Organe d’Administration (OA) il y a tout juste deux ans, c’est précisément parce que je voulais continuer à réfléchir sur les questions en lien avec la laïcité. Aujourd’hui, la laïcité a mauvaise réputation, sûrement à cause d’une application très rigoriste en France, où elle sert parfois à justifier des politiques islamophobes. Je pense que la Belgique est un pays beaucoup plus consensuel, multiculturel et raisonnable. Pourtant, force est de constater qu’aujourd’hui les associations ont de plus en plus de mal à s’identifier à ce concept. Aussi, la laïcité a besoin de forces vives pour la défendre dans tout ce qu’elle garantit de démocratie et droits universels. 

Ma deuxième motivation concerne la jeunesse. Au cours des derniers mois, je me suis rapprochée de ce secteur, via mon implication dans AJILE mais aussi dans le cadre de plusieurs missions professionnelles. Par ailleurs, je suis persuadée que former les jeunes est la première condition à une société plus juste.

C’est donc cette opportunité – de pouvoir travailler sur la laïcité et au profit de ce public –, qui m’a poussée à proposer ma candidature à la présidence.  

Devenir présidente d’une organisation de jeunesse : challenging ?

Oui, c’est un défi, d’autant plus étant donné les difficultés que le secteur associatif rencontre actuellement. Les caisses sont vides et il faut se démarquer en permanence. Sans parler de la responsabilité légale que portent l’ensemble des administrateur.rices, plus importante depuis l’adoption du Code des sociétés et des associations (2019). C’est certain qu’il y a une certaine pression… Néanmoins, je me sens bien entourée, que ça soit par les autres membres de l’Organe d’Administration que par l’équipe d’AJILE. 

Que souhaites-tu apporter à AJILE ?

Pour moi, intégrer un CA, c’est comme accepter un travail. Alors, je viens chez AJILE avec mes valises, dans lesquelles il y a un peu de tout. En l’occurrence,  je dirais que mes compétences en organisation et en gestion (financière, administrative, etc.) pourront être utiles à l’association. En effet, alors qu’avant les CA discutaient essentiellement du fond et des orientations politiques, aujourd’hui les associations sont tout à fait technocratisées. C’est un modèle qui a des avantages, mais aussi des inconvénients et j’ai l’impression que parfois, on perd un peu de vue nos objectifs partagés à cause de la surcharge administrative.

Par ailleurs, j’aimerais aussi contribuer à l’implantation de l’association dans le tissu associatif, qu’il s’agisse du secteur jeunesse, de celui de la laïcité ou de tout autre intervenant pertinent. 

J’espère succéder au mieux à mon prédécesseur, Aurélien Hougardy, qui a rempli ses deux mandats avec brio.